Aborder l’incertitude avec joie.
Faut-il aborder l’incertitude avec joie ?
« La joie de l’âme est dans l’action » : cette phrase a bercé ma formation. Je la trouve adaptée au contexte. Face à une myriade d’incertitudes liées aux enjeux géopolitiques, sociétaux et économiques, le stress individuel et collectif qui s’accroît inexorablement, devient un risque de nouvelle pandémie. Cette « civilisation de la peur » qui s’installe présente en elle-même une nouvelle menace pour notre survie collective puisqu’il est bien connu que nous décidons plutôt mal sous la pression du stress.
Le dilemme du combat ou de la fuite
Une étude de la revue Forbes en 2021 (Personal Capital) indique que 66 % des personnes interrogées se disent inquiètes et 54 % affirment que l’incertitude a nui à leur performance et à leur bien-être au travail.
Les incertitudes suscitent toujours une réaction de combat ou de fuite : serai-je embauché pour ce poste ? Aurai-je une augmentation suffisante ? Pourrai-je trouver un emploi que j’aime vraiment ? La fuite ou le combat…
L’amour des certitudes
Notre cerveau en mode survie évalue constamment ce qui est sûr et de ce qui ne l’est pas : Il a besoin de certitudes, surestimant les menaces et sous-estimant notre capacité à les affronter. Connaître l’issue d’un aléa permet de se détendre : a contrario, le moindre signal faible et l’on imagine le pire.
Selon les scientifiques, vivre dans l’incertitude professionnelle a des conséquences plus graves sur la santé que la perte effective d’un emploi et rend plus vulnérable aux maladies et aux affections chroniques (maladies cardiaques, diabète ou dépression). La recherche montre que l’incertitude est plus stressante que l’anticipation d’une douleur inévitable. Ainsi, des chercheurs britanniques ont découvert que les participants à une étude qui étaient certains de recevoir un choc électrique douloureux se sentaient plus calmes et moins agités que ceux à qui l’on avait dit qu’ils n’avaient que 50 % de chances de recevoir le choc électrique.
Une bulle psychologique
La sécurité psychologique reste un levier puissant pour accroître le sentiment de maîtrise, d’être pleinement soi-même, de prendre des risques sans craindre de conséquences négatives. Les dirigeants doivent donc essayer de crer des bulles psychologiques propices à la sérénité malgré le contexte. Gallup a constaté que le fait d’améliorer la sécurité psychologique peut entraîner une réduction des incidents de sécurité (40 %), ainsi qu’une augmentation de la productivité (12 %). La sécurité psychologique renforce l’engagement, accroît la motivation et stimule les performances.
De la peur à la joie
La peur mal gérée est responsable de nombreux dysfonctionnements dans les organisations. Alors comment aborder l’incertitude ? Cela implique de changer de perspective et cela est loin d’être simple. Voici quelques idées :
1 - Accepter les surprises comme des opportunités
Notre état d’esprit en période d’incertitude est la chose la plus puissante mobilisable dans une situation qui échappe à notre contrôle. Changer de perspective et se rappeler que de nombreuses surprises positives que l’on peut transformer en opportunité nous attendent.
2. Se concentrer sur ce que l’on peut contrôler
Agir sur ce que l’on peut gérer concrètement avec des options d’échappatoires permet de se mobiliser dans l’action. L’attente est délétère. C’est souvent ce que font guides et secouristes de haute montagne.
3. Accepter l’incertitude avec joie
Si l’incertitude est inacceptable, la peur grandit. Accepter l’incertitude plutôt que d’y résister est donc un défi contre-intuitif. Des neuroscientifiques ont découvert que l’incertitude peut être saine pour notre cerveau car nous apprenons davantage dans des situations incertaines. Dans un cadre prévisible, notre cerveau n’a pas besoin de se mobiliser. Il devient paresseux. Mais lorsque les situations changent, il travaille davantage. L’incertitude stimule le cerveau, sauf à se laisser envahir par la peur. Nous n’avons donc pas le choix, il faut accepter l’incertitude avec joie.