Que se passe-t-il dans les Alpes ?

Christophe Raylat

­­La grande peur dans la montagne

Ce livre de Ferdinand Ramuz raconte la destruction d’un village montagnard. Une petite communauté est anéantie par une avalanche d’eau et de boue, provoquée par la rupture d’une poche d’eau dans un glacier. 

Ce roman prémonitoire nous a préparé à cet effondrement du glacier de la Marmolada en juillet 2022 qui a sonné le glas d’une insouciance post-covid, déjà largement estompée par la guerre en Ukraine et l’inflation grandissante. Le contexte géopolitique et économique obscurcit l’horizon et nous espérions tous reprendre les chemins de traverse pour gravir des montagnes cet été et surtout respirer librement…


Las. En quelques semaines, les guides de haute montagne ont connu un été avec des restrictions volontaires de leurs activités. Mi-juillet, c’est d’abord l’accès au Mont-Blanc qui est « déconseillé », puis le Cervin et la Jungfrau voici quelques jours. Sur le terrain, les glaciers sont dans un état déplorable, les ponts de neige sont fragilisés, les accès aux sommets classiques deviennent difficiles, des effondrements rocheux viennent surprendre les scientifiques eux-mêmes. Je n’évoque pas ici les incendies et toutes les autres misères qui frappent l’humanité. Nous sentons bien que nous sommes à un tournant de l’histoire.


Face à cette ambiance vestibulaire et presque apocalyptique, nous essayons chacun de développer des stratégies d’adaptation. S’adapter est devenu le maître mot, avant de devoir utiliser celui de renoncer. S’adapter en imaginant de nouveaux chemins, s’adapter en s’occupant des plus jeunes, en partageant des moments en toute simplicité. En imaginant des possibles. Vivre l’expérience d’un refuge, d’une arête effilée, d’une escalade, d’une conversation de refuge, d’une marche en moyenne montagne. Mille et une manière de vivre la montagne.


Avec l’équipe de Mountain Path nous avons imaginé ce « Boost camp » pour étudiants. Une belle initiative qui a vu grandir une magnifique cordée de 11 jeunes pendant quelques jours, accompagnés d’experts passionnants comme Clémence Peix Lavallée, Xavier Weber ou Pierre Muller.

L’enseignement que nous avons reçu de leurs voix claires est fondamental : la montagne peut redevenir un lieu de ressourcement et d’espérance, dès lors qu’on la regarde avec des yeux de jouvence.


Nous posons le sac pour quelques jours de repos, et nous reviendrons plein de fougue et d’entrain le 16 août pour reprendre notre ascension, pas à pas.


Bel été à tous.

 
 
 
 
 
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