Philippe Claudel & la montagne
Philippe Claudel est écrivain et dramaturge. Il a récemment été publié Le Lieu Essentiel chez Arthaud, un livre qui retranscrit les parallèles qu'il ressent entre sa vie d'écrivain et sa relation intime à la montagne.
" En tant qu’asthmatique, j’avais l’impression d’être un être malingre, fragile, peu adapté au monde d’en bas, et que à partir du moment où j’étais en montagne, soudain mes poumons pouvaient enfin prendre toute leur ampleur, se développer.
J’étais enfin moi-même.
La montagne a toujours été un lieu essentiel, un lieu où je pouvais me réaliser, m’épanouir dans cette relation du petit face à l’infini. De l’homme par rapport à un univers qui le dépasse complètement. À la fois qu’il comprend par sa pensée, et qu’il arrive à projeter en peinture, en écriture et dans ses dimensions artistiques… Il me semble qu’il y a une montagne pour tous les âges. Lorsqu’on est dans une jeunesse un peu fougueuse, on a envie de se frotter à un réel âpre, rugueux et porteur de danger, pour mieux se connaître et connaître ses limites. Avec le temps, l’amour pour une montagne plus humaine, une montagne moyenne peut parfois prendre le pas. Une balance se fait avec l’envie d’être en haute montagne. L’amour d’être dans une montagne qui a été façonnée par l’homme, avec les essartages, l’entretien des alpages, le pastoralisme. Là où l’homme peut se reconnecter, à ce monde qui lui fait défaut.
La plupart d’entre nous sont maintenant des urbains, et elle nous permet de trouver à la fois trouver une forme de sérénité et de miroir à soi-même.
Le confinement a donné à beaucoup d’entre nous l’occasion d’avoir une réflexion sur l’espace et le temps. Nous étions dans des espaces confinés, dans des journées qui se ressemblaient toutes. L’espace et l’écoulement du temps nous manquaient, on était dans un espèce de présent perpétuel. On prenait conscience de ce que l’ailleurs pouvait nous apprendre de nous- même et nous être indispensable. Soudain, les hommes ont redécouvert qu’ils vivaient dans une planète qui avait un son et espace qui leur manquait."
by Mountain Path et le SNGM